L'église de Saint André d'Hébertot

Origine de l'église:
Cette localité a dû être créée fort peu de temps après que Rollon eût obtenu cession de la Neustrie.
Le temporel (revenu que tire un ecclésiastique) que les Evêques de Lisieux possédaient à Pont l'Evêque et à Hébertot fut usurpé par les Ducs Normands, peut-être par Rollon lui-même, bien que les Evêques aient toujours maintenu leur droit de patronage de l'Eglise de Saint André jusqu'en 1240 date à laquelle ils en firent don à l'Abbaye de Joyeuval, près de Saint Germain en Laye.
Cette église ne reconnaissait que l'autorité de l'Evêque. Placée près du manoir ducal, elle reçut le titre d'église seigneuriale. Si dans les derniers temps, les seigneurs d'Hébertot ont voulu revendiquer quelques droits sur l'église, ils n'ont jamais prétendu à celui de nommer le Prieur. Ils prenaient seulement les titres de Chapelains, Seigneurs et Patrons honoraires.
L'église de Saint André d'Hébertot doit son origine à un évêque, le Comte-Evêque de Lisieux Hébert (1026-1060). Il créa la paroisse au milieu du XIème siècle et y construisit l'église actuelle. Le patronage de l'église fut donné, en 1240, par Guillaume de Pont de l'Arche, Evêque de Lisieux, à l'Abbaye de Joyeuval qui en jouissait toujours au XVIème siècle. Cette donation d'une église dont l'emplacement a été visiblement détaché du Parc du Château, donnerait à penser que ce Château avait déjà, au XIIIème siècle, changé de propriétaire par succession, par alliance ou encore par acquisition.
On serait peut-être autorisé à supposer que le territoire d'Hébertot, jadis la propriété d'un seul, avait été divisé en deux parts, puisqu'il est fait mention dans les écrits de Lisieux de l'église de Saint Benoît (dont au XIVème siècle le Seigneur et Patron était Robert Bertran de la maison de Bricquebée) alors que l'église de Saint André ne changea pas puisqu'elle était sous le patronage des religieux de Joyeuval.
L'Architecture:
L'église de Saint André d'Hébertot est pour l'essentiel d'époque romane. Elle a subi quelques remaniements: des contreforts ont renforcé au XVIème siècle les murs de la nef et une chapelle a été accolée, au XVème siècle, au sud du choeur.
L'édifice se compose d'une nef unique et, en décalage sur la gauche, d'un choeur à chevet plat, voûté et soutenu par deux arcades qui se croisent à angle droit vers le milieu de l'édifice.
Des piliers unis aux murs latéraux et composés de gracieuses colonnes supportent les arcades. Le clocher occupe l'angle sud-ouest de la nef. Il peut être daté de la fin du XIème siècle et présente le parti caractéristique des clochers normands: une tour dont les cinq niveaux s'ouvrent au fur et à mesure que l'on s'élève.
En 1875, des travaux de déblaiement ont été exécutés pour trouver la base des colonnes et pour baisser le choeur et la nef; ces travaux ont mis à jour:
- un caveau sépulcral où l'on déposait les cendres de la famille Nollent. Ce tombeau a été profané à la Révolution et plusieurs cercueils en plomb furent portés à l'église de Pont Chalier (nom donné à Pont l'Evêque à la Révolution) avec la deuxième cloche pour fabriquer des armes. On descendait dans ce caveau par un escalier en pierre qui a été détruit depuis.
- le pavage fait à la suite de ces travaux est en mosaïque; les pavés sont disposés de manière à former de place en place une Croix de Saint André.
On remarque, au milieu de l'arcade centrale, sur la pierre carrée qui forme la clé de voûte, un écusson. On trouvait le même sur le rétable du maître autel et sur un ancien siège en bois qui ont disparu à la restauration de l'église. C'était d'ailleurs l'écusson des de Nollent et d'Aguesseau.
Pendant la Révolution, on enleva les tableaux et les statues pour les cacher dans un coin de l'édifice. Quelques-uns de ces objets ont été conservés.
Le maître autel est en marbre rouge de style Louis XVI. Il était accolé à la muraille faute d'espace et défiguré par une grossière peinture.
Le sanctuaire a été restauré comme le reste de l'église et le marbre est réapparu avec ses nuances. L'autel a été isolé du mur. C'était un présent de M. d'Aguesseau qui se faisait un devoir d'orner l'édifice.
Petite anecdote: dans les titres de Chartier de la famille de Nollent, il est fait mention d'un tableau peint de la main de Rubens, d'un prix considérable. C'était un don de Guy de Nollent. Ce tableau existait encore en 1704.
Les vitraux:
Saint André sur une Croix: ce vitrail se trouve dans le contretable du maître autel. Saint André, frère de Saint Pierre, fut prédicateur à Patras où il subit le martyre en croix en 62. Pêcheur galiléen, il est le patron des pêcheurs et des poissonniers. Il est invoqué pour la grâce de la maternité et les maux de gorge.
Saint Adrien Evêque: l'un des principaux Saints antipesteux au Moyen-Age. Il se trouve dans le sanctuaire, côté sud.
Une tribune a toujours existé au bas de l'église. Il est vrai qu'elle s"était effondrée un jour que les fidèles s'y étaient portés en trop grand nombre, mais il n'y eut point d'accident grave à déplorer.
C'est à cet endroit que la principale porte d'entrée a été percée. Auparavant, il n'y avait comme porte que la porte latérale devant laquelle on avait élevé un petit bâtiment qui servait de salle de délibérations au Conseil de la Commune.